La S.A. des Charbonnages de Gosson-Kessales a déposé aux Archives de l'Etat à Liège une masse de documents, enregistrés en date du 29 juin 1964, qui constituent, non pas ses propres archives, mais celles des entreprises dont elle est issue: les houillères de Gosson-Lagace, Horloz, Basse Ransy, La Haye, Grands Makets, Concorde, Kessales, Gosson "La Haye, Horloz, réunis.
Bien qu'extrêmement fragmentaire, la liste de celles-ci nous informe donc sur plusieurs entreprises charbonnières qui se partagent une grande part du gisement, en amont de Liège et sur la rive gauche de la Meuse. Nous croyons utile de fournir un historique sommaire et succinct de chacune de ces entreprises.
A. SOCIETE CHARBONNIERS DE GOSSON-LAGACE A JEMEPPE-SUR-MEUSE.
La demande en concession de charbonnage fut introduite, sous le régime de la loi du 28 juillet 1791, le 4e jour complémentaire de l'An X; la houillère du Gosson était déjà, avant l'annexion à la république, une exploitation importante. Conformément à une coutume qui se maintiendra longtemps au pays de Liège, elle était gérée par un groupe d'associés formant une "société civile". Le 10 avril 1811, ces associés introduisirent une nouvelle demande en concession, conforme aux exigences de la loi du 21 avril 1810 ; un arrêté royal du 20 août 1824 leur accorda le droit d'exploiter sous uns superficie de 83 ha, 20 a, à Montegnée. Le 16 février 1830, cette superficie fut accrue de 247 ha, 52 a, 80 ca, sous les communes de Grâce-Montegnée et Jemeppe. Le Gosson devient dès lors une entreprise de première importance: en 1838, il exploitait, par un seul siège équipé d'une cheminée d'aération avec "toc feu", d'une machine d'extraction de 36 c.v. et d'un treuil, de trois machines d'exhaure dégageant ensemble 300 c.v.; il occupait 2331 personnes et produisait 20.277 tonnes. En 1840, un second siège, Chantraine, était en voie de création.
Le Gosson adopta le statut de société anonyme par acte du 9 juillet 1859; ce statut fut adapté à la loi de 1873 par acte du 11 avril 1899. Le 3 janvier 1931, l'assemblée générale des actionnaires décida à l'unanimité la fusion avec la Société Anonyme des Charbonnages de La Haye-Horloz .
B. S.A. DES CHARBONNAGES DU HORLOZ A TILLEUR.
Les 31 décembre 1818 et 10 mars 1823, Joseph Frédéric Braconier introduisait trois demandes en concession et en extension de concession qui furent agréées par l'arrêté royal du 5 octobre 1827: la houillère du Horloz, à Tilleur, se voyait ainsi reconnaître une concession de 273 ha, 60 a, sous les communes de Tilleur, Montegnée, Saint-Nicolas, Jemeppe, Seraing. De telles concessions n'étaient accordées qu'à des entreprises capables de les exploiter efficacement, selon les techniques les plus modernes: en 1838, le Horloz exploitait par un seul siège, équipé d'une cheminée d'aération avec "toc feu", d'une machine d'extraction de 22 c.v., d'une machine d'exhaure de 100 c.v.; il occupait 160 ouvriers et produisait 11.416 tonnes. Les enfants du fondateur avaient constitué une "société civile", qui se convertit en société anonyme par acte du 11 juillet 1887. La fusion entre le Horloz et La Haye fut décidée le 16 décembre 1930.
C. S.A. DU CHARBONNAGE DE LA BASSE RANSY A VAUX-SOUS-CHEVREMONT.
Joseph-Frédéric Braconier, déjà exploitant du Horloz, avait demandé, le 13 janvier 1827, la concession des mines de houilles sous une superficie de 209 ha, 3 a, 59 ca, à Vaux-Sous-Chèvremont, Angleur et Chênée. Un arrêté du 22 janvier 1828 lui accorda satisfaction, en restreignant cette concession à 198 ha, 26 a, 81 ca. Les héritiers de Joseph-Frédéric firent apport de cette concession, le 29 juin 1906, à une société anonyme constituée par accord entre eux et la société du Horloz; la société de la Basse Ransy fut liquidée en 1931.
D. S.A. DU CHARBONNAGE DE BELLE-VUE A SAINT-LAURENT (LIEGE).
C'est apparemment par accident que un registre provenant des archives de cette entreprise figure parmi les pièces remises par le Gosson-Kessales.
La demande en concession de cette houillère date du 31 décembre 1811. Parmi les impétrants, nous trouvons, une fois de plus, Joseph-Frédéric Braconier. La concession primitive, accordée le 1 janvier 1826, s'étendait sur 54 ha, 4a, 50 ca. Une médiocre extension de 3 ha, 69 a fut concédée le 30 juillet 1844. L'entreprise, pourtant, n'était pas médiocre: en 1838, elle disposait d'une cheminée d'aérage avec "toc feu", d'une machine d'extraction de 40 c.v., d'une machine d'exhaure de 120 c.v.; son personnel comptait 280 unités, et sa production atteignait 13.942 tonnes. C'est par acte du 27 avril 1859 que la "Société Civile" de Bellevue fut constituée en société anonyme. La liquidation de l'entreprise fut décidée par l'assemblée générale des actionnaires, le 12 avril 1882.
E. S.A. DES CHARBONNAGES DE LA HAYE A LIEGE.
Cette houillère est la plus anciennement concédée de toutes celles dont il est question dans le présent inventaire.
C'est le 11 janvier 1808, en effet, que Gérard Demet obtint l'autorisation d'exploiter sous 218 ha à Liège, Tilleur et Saint-Nicolas. Une demande d'extension, introduite le 2 mai 1817, fut agréée par arrêté du 1er janvier 1826; elle accroissait la concession primitive de 59 ha 50 a. En 1838, La Haye disposait de deux sièges d'extraction, Champay et Nouvelle Haye, équipés tous deux d'une cheminée d'aérage, d'une machine d'extraction de 30 c.v. environ, et d'une machine d'exhaure de 100 à 110 c.v.; l'effectif ouvrier se montait à 115 travailleurs et l'extraction à 16.954 tonnes. Une nouvelle extension de concession fut octroyée le 30 juillet 1844. En 1860, le statut de la société anonyme fut adopté. Dans la suite, La Haye devait absorber les houillères du Gosson, du Horloz, des Kessales (voir ci-dessous).
F. S.A. DES HOUILLERES DES GRANDS MAKETS A JEMEPPE.
Bien que la demande eût été introduite le 9 août 1811, 1a concession des Grands Makets ne fut concédée que le 24 décembre 1839; elle le fut au profit d'André et Edouard Vanderheyden à Hauzeur (ce dernier déjà intéressé à la houillère du Val-Benoit); elle s'étendait sur 111 ha, 65 a, à Mons, Jemeppe, Flémalle-Grande, Hollogne-aux-Pierres; cette concession s'accrut de 33 ha, 40 a, 8 ca, par arrêté du 24 décembre 1840. Avant même que ces concessions fussent octroyées, les Grands Makets s'étaient équipés: en 1838, ils possédaient une cheminée s'aérage avec "toc-feu", une machine d'extraction de 30 c.v. et un treuil, une machine d'exhaure de 70 c.v.; ils utilisaient les services de 247 ouvriers et extrayaient 20.574 tonnes; en 1840, ils avaient acquis une troisième machine (11 c.v.). La constitution en société anonyme, le 29 août 1865, fut l'occasion pour l'entreprise d'annexer la concession voisine de Champ d'oiseaux (71 ha, 80 a, 8 ca) accordée le 25 janvier 1841. En 1877, les Grands Makets deviennent la S.A. de la Concorde (voir ci-dessous).
G. S.A. DES CHARBONNAGES REUNIS DE LA CONCORDE A JEMEPPE-SUR-MEUSE.
Le 14 août 1877,la S.A. des Grands Makets, en liquidation,s'associait à divers bailleurs de fonds pour constituer la S.A. des Charbonnages réunis de la Concorde , à laquelle les Grands Makets faisaient apport de leur concession; ce contrat de société fut renouvelé le 18 mai 1880 et le 4 avril 1892.
H. S.A. DES CHARBONNAGES DES KESSALES A JEMEPPE-SUR-MEUSE.
Les exploitants du Charbonnage des Kessales avaient sollicité déjà une concession sous l'empire de la loi de 1791; n'ayant pas obtenu satisfaction, ils renouvelèrent leur requête le 9 décembre 1811: l'arrêté royal du 28 août 1827 leur reconnut une concession de 236 ha, 97 a à Jemeppe; celle-ci englobait deux extensions sollicitées les 11 janvier 1822 et 11 novembre 1825. La société exploitante comptait, outre divers représentants de la famille Delexhy, trois hommes d'affaires particulièrement entreprenants: le métallurgiste Jean-Michel Orban, le patron textile verviétois Jean-Nicolas David, et François-Joseph Corbesier, intéressé en même temps à diverses entreprises charbonnières du bassin liégeois. La houillère des Kessales fut donc très tôt un charbonnage bien équipé: en 1807, elle exploitait par le siège Romarin-Kessales; l'extraction s'opérait par un treuil et une machine de 12 c.v., l'exhaure était assurée par une machine de 120 c.v. et l'aération par une cheminée avec calorifère. La production atteignait 20.418 tonnes et l'effectif ouvrier 352 personnes.
En 1840, un second siège, Bons Buveurs, utilisait une machine de 30 c.v.. La société anonyme des Kessales fut constituée en 1866. L'entreprise absorba les charbonnages des Artistes-Xhorré et Baldaz-Lalare (530 ha) en 1891; le 1er avril 1924, elle fut autorisée à fusionner avec la S.A. de la Concorde ; par contre, diverses parties de la concession furent aliénées en 1913, 1919, 1921, 1926, 1935 et 1948. Elle s'étendait ainsi sur 1.519 ha, 2 a, 78 ca, quand l'entreprise fut mise en liquidation: l'assemblée générale du 25 mai 1954 décida à la majorité des voix la fusion avec la S.A. de Gosson, La Haye et Horloz réunis .
I. S.A. DES CHARBONNAGES DE GOSSON, LA HAYE ET HORLOZ REUNIS, A TILLEUR.
Cette société est issue de la fusion de la S.A. de La Haye:
1°) avec la Société du Horloz le 16 décembre 1930.
2°) avec la Société de Gosson-Lagace le 13 octobre 1931.
3°) avec la Société anonyme en liquidation "Maisons ouvrières du Sud de Liège" (voir ci-dessous) le 24 juin 1932.
J. S.A. DES CHARBONNAGES DE GOSSON-KESSALES A TILLEUR.
Cette société est issue de la fusion de la société des Kessales avec la société de Gosson, La Haye et Horloz réunis. Cette fusion fut décidée à la majorité par l'assemblée générale des Kessales le 25 mai 1954 et acceptée à l'unanimité par l'assemblée générale de Gosson-La Haye le 19 juillet 1954.
K. S.A. DES MAISONS OUVRIERES DU SUD DE LIEGE A TILLEUR.
L'objet social de cette entreprise était la construction, l'achat, la vente et la location d'habitations ouvrières; l'acte de société date du 28 décembre 1895; les associés étaient d'une part la société du Horloz qui faisait apport des maisons qu'elle possédait, d'autre part de Paul Van Hoegaerden, Frédéric, Léon et Maurice Braconier, tous intéressés au Horloz, qui fournissaient un complément de capital. En liquidation, cette société fut absorbée par Gosson, La Haye et Horloz le 24 juin 1932.
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